L'Australie est un pays-continent. Sur cette île aussi vaste que les États-Unis, tout est unique ou démesuré. Les plus longs camions au monde, les road trains, le plus gros monolithe, la plus grande barrière de corail et, beaucoup moins imposant mais tout aussi emblématique et singulier, le koala. Cependant, même s’il est la star des cartes postales et autres goodies, il est beaucoup plus rare de le voir en vrai...
Cette jolie petite bouille nommée aussi le paresseux australien partage la vedette avec le kangourou. Mais autant le grand boxeur se compte par millions d’individus car il se défend bien malgré le braconnage, autant le koala est beaucoup plus vulnérable et disparaît peu à peu. Après avoir longtemps été chassé pour sa fourrure, il est maintenant protégé et même adoré mais cela n’empêche pas de voir son territoire disparaître de jour en jour entre les feux de forêts, les constructions et le réchauffement climatique. Quatre-vingt pour cent de son habitat est parti en fumée !
Alors qui n'a jamais rêvé d'observer cet animal en liberté dans la nature ? Même les locaux n'ont quasiment jamais eu cette chance et doivent se rendre dans les parcs ou les zoos pour l'admirer. De temps en temps, il faut savoir forcer le destin. Direction la petite bourgade de Paynesville en bord de mer, dans la région de Victoria, où le calme est toujours au rendez-vous car il n’y a pas de grande curiosité touristique dans le coin hormis cette île minuscule au nom sympathique de Raymond Island, accessible par un petit ferry qui fait les allers-retours toute la journée. Une fois sur ce bout de terre sauvage où se confondent dans une nature et une sérénité très douces quelques jolies maisons en bois, l’invitation à la plénitude devient évidente sous une forêt d’eucalyptus. Et c’est là, en pleine nuit, que le moment de grâce arrive quand un léger bruit venant du feuillage laisse apparaître un koala mâchouillant paisiblement ses feuilles avec gourmandise et sans crainte. Un rêve éveillé sous la clarté de la lune.
Dès l'aube, une promenade s’impose à la quête de ce mirage sur ce bout de terre constitué de quelques habitations, aucun commerce et un petit port de plaisance. Ici pas de barrières entre les maisons, quasiment pas de voitures, le tour de l’île se fait en deux heures à pied. Si les habitants se font rares car la plupart ne travaillent pas ici, les animaux sauvages, eux, sont très heureux à se promener en plein jour en toute sérénité car sans aucun danger en vue. Ainsi il est très courant de croiser un échidné, sorte de hérisson géant avec un long nez, ou encore des varans festoyant tandis que des pélicans et des cygnes noirs font la causette.
Mais la star des lieux reste quand même le koala qui, lui aussi, a pignon sur rue. Il est là, flegmatique, les yeux ronds et souriants. À l’inverse des parcs où il faut s’armer de patience pour espérer en apercevoir un à cinquante mètres ou dans un zoo dans lequel il sera caché derrière sa vitre, là le marsupial préféré des enfants comme des grands est à moins de cinq mètres. Et il y en a quasiment un dans chaque arbre ! Les heureux habitants de Raymond Island vivent en parfaite harmonie avec le koala. Ici pas beaucoup de touristes, pas de pollution, des eucalyptus en quantité, un programme de conservation intelligent et une tranquillité digne d'un joli dessin animé.
Alors souhaitons un heureux dénouement à cette belle histoire de communion et laissons faire la sieste à cet amour de koala qui a trouvé là un endroit magique, serein, loin de la folie du genre humain.