24 Octobre 2018 - Culture / Initiatives / Préservation
En Thaïlande, l'éléphant est une maousse mascotte. Mais au pays du sourire, les éléphants pleurent. Sacrés et adulés dans tout le pays, ils représentent toutefois une espèce en grand danger. Dans la région de Kanchanaburi, à 2 heures de Bangkok, ils peuvent désormais trouver un refuge à Elephant's world.
Les éléphants sont menacés en Thaïlande. La destruction de leur habitat - la Thaïlande aurait perdu 75 % de son couvert forestier -, la surexploitation touristique - une nacelle avec 4 passagers lui broie le dos fragile -, l'utilisation illégale pour faire du débardage dans les forêts... mettent à mal l'espèce.
C'est pourquoi Samart Prasithpon, véterinaire, a fondé Elephant's world dans la région de Kanchanaburi.
« Cet animal est une poule aux oeufs d'or, il est maltraité pour rapporter le maximum d'argent. Alors j'ai créé ce lieu en 2008 pour récupérer les éléphants au bout du rouleau et faire en sorte que leur dernière vie soit plus heureuse. »
À l'entrée du centre, le slogan est sans ambiguité :
« Ici nous travaillons pour les éléphants et non l'inverse. »
Aujourd'hui ils hébergent 23 éléphants et il a fallu trouver des solutions pour financer le centre. L'éléphant n'étant pas un teckel, il mange 300 kilos par jour et a besoin d'un guide pour survivre - un mahout, de préférence karen venu de Birmanie -. Ce qui représente 3000 baths/jour. Multiplier par 23, ce qui nous fait la rondelette somme de 69 000 baths/jour soit 1 700 euros. Pour assurer le gite et le couvert des mastodontes, Samart ouvre le centre aux volontaires internationaux - 140 par an - et aux voyageurs qui vivent en totale interaction avec l'animal.
Un groupe de copines australiennes de l'école vétérinaire d'Adelaïde est venu pour voir les éléphants de près. La journée commence avec le repas. À midi, c'est l'heure des bains de boue pour se protéger des parasites. L'après-midi, rebelote, il faut nourrir les affamés de bananiers ou de bambous. Vers 16h, il est temps de descendre vers la rivière pour le bain.
Une nécessité vitale explique Samart : « Ils ont besoin d'eau car leur peau est très sèche avec des poils durs comme des branches. Comme ils ne transpirent pas, ils doivent se rafraîchir tous les jours. »
L'activité tobbogan peut commencer. Sauter à l'eau, grimper sur le cou de l'animal et le brosser avec un grand balai, glisser et remonter comme on peut. Ces expériences de vie au contact des animaux, Diane en raffole. Elle vient pour la 4ème fois des Pays-Bas en tant que volontaire : « Je ne suis pas touriste ici. Avec les éléphants, j'apprends la culture thaï, l'environnement, la rivière, la montagne. Je suis utile. Je me lève avec le bruit des éléphants qui me cherchent. C'est le meilleur des réveils. »
En 2014, Songkran, une des premières recrues du refuge est morte. La mascotte a eu droit à une cérémonie bouddhiste avec la bénédiction du moine. Un enterrement avec une tractopelle... En souvenir d'elle, Diane a conservé un cil de 30 cm de long qui repose sur sa cheminée en Hollande. Un souvenir de taille. Une preuve d'amour de taille.
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