Tourisme durable

Au Mexique, les abeilles sacrées des Mayas

11 Septembre 2023 - Culture / Nature / Préservation

Dans l’Etat du Yucatán au Mexique, non loin des sites archéologiques maya les plus prestigieux, le village de Maní a renoué avec la protection des abeilles qui, du temps de leurs ancêtres, étaient vénérées pour leur rôle essentiel dans la fertilité des cultures. 

 

Moment de pur régal pour les jeunes visiteurs avec les produits du jardin de Fatima et José, à Maní, Yucatán ©U lu'umil Kuxtal Solar Maya
Moment de pur régal pour les jeunes visiteurs avec les produits du jardin de Fatima et José, à Maní, Yucatán ©U lu'umil Kuxtal Solar Maya


 

Si l’on mange si bien à Maní, c’est à cause des abeilles. Demandez aux enfants des écoles de la région, ils vous le diront tel quel, après s’être régalés et avoir écouté Fatima expliquer comment son jardin ressemble à un paradis sur terre, dans une région, le Yucatán rural du Mexique, durement touchée par les changements climatiques, les cultures intensives aux pesticides et l’exode. Oui, grâce aux abeilles… et à bien des efforts. 

Fatima del Carmen est une agricultrice doublée d’une femme d’affaires. Sa page Facebook dédiée à son lieu, U lu'umil Kuxtal, regorge de photos d’hôtes ravis de découvrir cette ferme exemplaire sans électricité, sans lave-vaisselle, sans chichis mais si délicieuse.

 

Alimentation variée et bio 

 
 
Depuis quelques années, Fatima exploite avec son époux un lopin de terre au bout du village de Maní, un terrain autrefois sec et rugueux où il n’y avait strictement rien. Aujourd’hui, un verger de mangues et d’agrumes taquine les herbes aromatiques au sol, qui à leur tour envoient leur parfum sur les parcelles de légumes du jardin. Des fleurs exhibent leurs couleurs ici et là, des ruches bourdonnent dans l’appentis et dans les arbres. Sans engrais, avec l’aide des abeilles et unis par la conviction qu’il fallait renouer avec les bonnes pratiques de leurs ancêtres mayas, le couple a fait de cette expérience une leçon de choses pour tout le monde. 
 
 
Chez Fatima et José, une hutte où l’on peut acheter du miel et des produits dérivés, crèmes, onguents ou friandises. ©sgrandadam
Chez Fatima et José, une hutte où l’on peut acheter du miel et des produits dérivés, crèmes, onguents ou friandises. ©sgrandadam
 
 
Fatima aime à rappeler le temps du Covid, qui a pris de court les ruraux embauchés à la ville, soudainement dénués de ressources, donc de nourriture. Elle et son mari José prêchent un retour à une alimentation saine et à un principe que leurs illustres ancêtres ont pratiqué : l’autonomie de subsistance. La famille le répète jour après jour aux élèves qui viennent en prendre de la graine, eux qui si volontiers se tournent vers la malbouffe.
 
 
Sensibilisation du public au maraîchage chez José et Fatima, dont les excellents résultats s’appuient sur des méthodes de leurs ancêtres mayas, sans engrais ni pesticides, mais avec les abeilles.    ©U lu'umil Kuxtal Solar Maya
Sensibilisation du public au maraîchage chez José et Fatima, dont les excellents résultats s’appuient sur des méthodes de leurs ancêtres mayas, sans engrais ni pesticides, mais avec les abeilles
 ©U lu'umil Kuxtal Solar Maya
 


 

Non loin de Chichen Itzá, l'un des sites archéologiques mayas les plus visités, le gros village de Maní, désigné par l’office de tourisme comme “pueblo mágico“ à savoir village authentique (“magique“), attire les touristes et visiteurs locaux parce qu’il a réhabilité les abeilles melipona, ces hyménoptères sans dard qui font merveille pour polliniser les plantations d’agrumes de la région et les potagers comme celui de José et Fatima. 
Des collectifs de femmes se sont remonté les manches pour sauver ces abeilles en voie d’extinction. Élisabeth et Milenia, par exemple, du collectif Lool-hà, possèdent à elles deux plus de cent cinquante ruches installées dans leur arrière-cour.

 
Élisabeth et Minelia font partie du collectif de femmes Lool-Há qui protège et élève des abeilles melipona. ©sgrandadam
Élisabeth et Minelia font partie du collectif de femmes Lool-Há qui protège et élève des abeilles melipona. ©sgrandadam
 

 
Les femmes sont une centaine au village et dans les environs à protéger les meliponas. Elles racontent qu’autrefois, leurs familles veillaient sur ces abeilles, vénérées par les Mayas. L’abeille et son miel incarnent tout un mysticisme qu’Élisabeth explique aux visiteurs, avant de proposer un rituel purificateur avec une fumigation d’herbes accompagnée d'incantations.

 
Élisabeth en rituel purificateur. Dans la civilisation ancienne des Mayas, la récolte de miel s’accompagnait d’actions de grâce adressées aux abeilles, considérées comme sacrées pour leur rôle fertilisateur.
Élisabeth en rituel purificateur. Dans la civilisation ancienne des Mayas, la récolte de miel s’accompagnait d’actions de grâce adressées aux abeilles, considérées comme sacrées pour leur rôle fertilisateur. 


 

Les insectes fertilisateurs avaient progressivement disparu avec les techniques et les produits de l’agriculture moderne. Mais en moins de dix ans, grâce au soutien apporté par les autorités locales, la population d’abeilles a repris du service dans les champs de la région. Au jardin, un discret vrombissement fait savoir aux humains que les meliponas ont accepté de revenir, car le respect leur est à nouveau assuré
 
 
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