Tourisme durable

Amazonie : jour d’école sur le Tapajós au Brésil

12 Février 2023 - Biodiversité / Nature / Préservation

Dans l’État du Pará, au nord du Brésil, une navigation de quelques jours sur l’Amazone et le Tapajós fait découvrir aux voyageurs, en lisière de forêt vierge, une vie champêtre entre cultures vivrières, pêche et élevage, et le bonheur à l’école, avec bien peu de choses mais beaucoup de joie.

 

Sur le fleuve Tapajós en Amazonie brésilienne ©SGrandadam
Sur le fleuve Tapajós en Amazonie brésilienne ©SGrandadam

 


C'est la fin de la saison sèche en ce début novembre : les premières pluies, chaudes, ruissellent sur la rambarde de l'Amazon Dream. Ce beau navire en bois de taille raisonnable - il n’accueille que dix-huit passagers - est l’un des rares à naviguer sur cette portion de l’Amazone et son affluent, le Tapajós, que nous allons parcourir. Sous l’averse tropicale, le bateau appareille du port de Santarem, au Brésil, dans l’État amazonien du Pará. En route vers une Amazonie fantasmée, trop sans doute…
 
Pour l’heure, les eaux sont basses, apprend-on. Le grand fleuve s’étale tout de même sur 15 km de largeur. En saison des pluies, lorsque le fleuve blanc , comme l'appellent les riverains de cette région, avale bancs de sable, lacs et lagunes éphémères, l'Amazone prend ses quartiers sur plus de 48 km de large. Il lui faut bien une certaine ampleur pour parcourir plus de 7000 km et traverser trois pays, le Brésil, la Colombie et le Pérou
 
 

La visite du dauphin rose
 

A première vue, cette étendue brunâtre agitée de vaguelettes, avec pour point d'horizon la barrière verte de la forêt, est un morne paysage. Nous emportons dans nos rêves les visions d’une jungle hostile, de l'enfer vert d“Aguirre, la colère de dieu“ du cinéaste Werner Herzog, ou encore de “The Lost City of Z“ de James Gray, ou côté lecture, du roman “Le partage des eaux“ d’Alejo Carpentier. 
 
Mais, brisant le long ruban liquide, des dauphins nous tirent de cette rêverie en nous faisant admirer leur plongeon. Ce sont les dauphins roses de l'Amazonie, une espèce menacée mais ici plutôt fréquente, pour le plus grand bonheur des passagers. 

 
Un dauphin rose rend visite aux passagers ©AmazonDream B.Ramus
Un dauphin rose rend visite aux passagers ©AmazonDream B.Ramus


 

Le fleuve Tapajós sur lequel s’engage bientôt le bateau a des reflets bleutés que les eaux boueuses de l’Amazone n’altèrent pas : détail insolite, leurs eaux se rencontrent sans se mélanger sur plusieurs kilomètres. Les rives du Tapajós sont habitées par des “caboclos“, une communauté métissée descendante de Blancs et d’Amérindiens. Ils sont éleveurs de bétail ou pêcheurs et se regroupent en petits villages de maisonnettes en bois sur pilotis ou en ciment. En bas du talus marécageux, sur la rive, les filets des pêcheurs frétillent de poissons de toutes tailles. 
 
 
Pêche à l’épervier sur le Rio Tapajós ©AmazonDream B.Ramus
Pêche à l’épervier sur le Rio Tapajós ©AmazonDream B.Ramus

 


Au bonheur de l’école

 
À grands coups de rame, plusieurs barques pilotées par des enfants surexcités traversent avec frénésie le Tapajós d’une rive à l’autre, sous la surveillance d’un des bateaux de l’école. Aujourd’hui, c’est la fête à l’école São Jorge de Tapará Grande, avec régates, musique, danses, jeux et gourmandises. Ici, pas d’Internet ni d’électricité, mais des panneaux solaires et des groupes électrogènes. Et bien peu de matériel scolaire, comme des crayons de couleur ou des cahiers. 

 
L’école São Jorge de Tapará Grande, sur le fleuve Tapajós ©SGrandadam
L’école São Jorge de Tapará Grande, sur le fleuve Tapajós ©SGrandadam

 


L’école accueille plus de cent élèves de primaire et de collège, qui arrivent le matin en bateau scolaire, parfois après plus d'une heure de navigation depuis leur domicile. Transport et nourriture sont pris en charge par l'Etat, avec des repas préparés dans la cuisine. Les enseignants sont ravis de nous montrer leur école où s'affichent en couleurs, sur les murs, des messages de paix, de persévérance, de bienveillance. Mais aussi un message écolo : “Préservons les sources, les fleuves et les océans : l'eau ne se fabrique pas toute seule“. Nous goûtons une délicieuse bouillie de maïs, chaude et sucrée. L’ambiance est gaie et chaleureuse : ici, il est fréquent de voir un enseignant étreindre un enfant pour le féliciter, partager sa joie ou au contraire le consoler.

 

Consigne écolo sur les murs de l’école ©SGrandadam
Consigne écolo sur les murs de l’école ©SGrandadam


 

Amazonie imaginaire, Amazonie du quotidien

 
À la nuit tombante, depuis le canot de promenade du navire, le fleuve bruisse de mille sons et lumières. Sous l'éclat de l'unique torche d’une barque de pêcheur, des poissons éperdus bondissent dans une gerbe. À la surface, des points lumineux indiquent la présence de caïmans aux yeux phosphorescents, scrutant leur dîner et qui s’enfoncent sans un bruit sous l’eau à la moindre approche. Dans les arbres ou sur la rive, les aigrettes, hérons ou cormorans se sont tus, peut-être intimidés par la présence de l’aigle pêcheur, le grand maître perché au faîte des arbres. 
 
 
Soir d’orage sur le fleuve Tapajós ©AmazonDream B.Ramus
Soir d’orage sur le fleuve Tapajós ©AmazonDream B.Ramus

 


L'émotion est au rendez-vous lorsque l'annexe pénètre dans un bras d'eau étroit où la végétation dense prend les sens en otage. Fragiles dans notre embarcation, nous faisons silence pour entendre le monde premier que nous sommes venus découvrir. La nuit, cette Amazonie qui nourrit notre imaginaire se presse à nos tempes. Mais le souvenir des rires d’enfants rencontrés à l’école nous ramènent à la réalité : les bras généreux de ces grands fleuves abritent aussi une vie parfaitement ordinaire, loin de l’enfer vert de nos fantasmes
 
 
Pour en savoir plus sur la croisière, le site du navire Amazon Dream : https://amazondream.fr/

 

Lagunes sur le rio Tajapós, que l’on appelle “rivière“ (rio) mais qui constitue l’un des plus grands affluents de l’Amazone.  ©AmazonDream B Ramus
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