Tourisme durable

Agriculture en Seine-Saint-Denis : renouer avec la terre aux portes de Paris

29 Avril 2024 - Initiatives / Nature / Patrimoine

La ville de Paris, qui est restée pendant des siècles la plus grande agglomération d’Europe, a une longue histoire d’autosuffisance alimentaire. S’il ne renaît pas encore de ses cendres, le maraîchage a beaucoup à nous apprendre. Découverte !

 

La ferme ouverte à Saint-Denis © DR


 

Le maraîchage en région parisienne : une longue tradition
 

Si cela semble difficile à imaginer aujourd’hui, c’est au cœur de la capitale et à ses portes que se sont développées des pratiques d’agriculture d’excellence. Un traité publié en 1845 en témoigne : le Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, de Moreau et Daverne. L’objectif de ce livre était de diffuser les connaissances innovantes de l’agriculture parisienne partout en France : les maraîchers avaient développé des méthodes agricoles à forte productivité, permettant de quatre à huit récoltes par an. Dès les années 1850 et pendant plus d’un siècle, alors qu’elle est occupée à 6% par des terres agricoles, la capitale française est un exemple international de maraîchage. Le nom de cette culture vient de marais, terme désignant les jardins établis sur des terrains marécageux situés à Paris ou dans les alentours. La rue des Maraîchers, dans le XXème arrondissement, reste un souvenir de cette appellation.

 

Un lien entre deux mondes à recréer
 

Alors que la société de consommation mondialisée est toujours plus remise en cause par les crises contemporaines, la question de l’autosuffisance alimentaire des villes redevient centrale et l’agriculture urbaine au goût du jour. Cette dernière renoue avec cette longue histoire, faite de brassage d’expériences et d’innovations.

La Seine-Saint-Denis occupe une place particulière dans cette tradition du maraîchage : de 1850 à 1960, c’est ici que se situe la plus vaste plaine légumière de France, la Plaine des Vertus, s’étendant de Saint-Denis à Bobigny. L’urbanisation des années 1960 laisse peu de place à cette tradition.

 

La ferme ouverte à Saint-Denis © Aurélie Croiziers

 

René Kersanté, l’un des derniers agriculteurs de cette plaine, a continué à cultiver ses terres à Saint-Denis au milieu des barres et des tours d’immeubles jusqu’en 2017. Les Fermes de Gally ont ensuite repris le site pour créer une ferme ouverte. Bruno Gansel est responsable communication des Fermes de Gally. 

Les fermes de Gally sont une entreprise familiale depuis 1746, dont la volonté a toujours été de servir la ville. Avec cette ferme ouverte, nous souhaitons recréer le lien qui s’est distendu au fil du temps entre le monde agricole et la ville - Bruno Gansel 

Pari réussi : alliant production agricole et de nombreuses activités de sensibilisation, la ferme ouverte permet d’emmener les gens dans la nature, au cœur d’une des zones les plus densément peuplées de France.  

 

Cité Maraichère de Romainville © Aurélie Croiziers


 

Sensibiliser et transmettre autour du vivant
 

À quelques kilomètres de là, d’autres projets se développent en Seine-Saint-Denis. La Cité Maraîchère de Romainville est l’un des derniers-nés : depuis 2021, cette ferme urbaine municipale est implantée dans un des quartiers les plus populaires de la ville. Dans ce bâtiment neuf et expérimental, la priorité est la pédagogie et la sensibilisation auprès de tous les publics, avec une palette d’activités variées, allant du club maraîchage au festival sur la transition. "C’est une sorte de tiers-lieu municipal, qui fédère de nombreuses associations avec des profils et des objectifs variés, commente Yuna Conan, la directrice du lieu. De véritables alchimies se créent ici au gré des opportunités…"

D’autres endroits en lien avec l’agriculture urbaine sont à découvrir dans le département. À L'Île-Saint-Denis, le site de Lil'Ô est une ancienne zone maraîchère, devenue industrielle, aujourd’hui transformée par l’association Halage en un pôle d’activités écologiques innovantes. Dans la ville de Montreuil, la culture des pêches façonne le paysage depuis le XVIème siècle, entraînant la construction de centaines de murs pour y mener des espaliers. La Société Régionale d'Horticulture de Montreuil est aujourd’hui la garante de la tradition de cette culture et de ses fameux "murs à pêches" et organise de nombreuses visites et animations sur ce thème.

 

Le site de Lil'Ô © Alexis Lardilleux

 

Alors que changer de regard sur la nature est plus que jamais nécessaire, c’est peut-être tout simplement aux portes de Paris qu’un premier pas vers le vivant pourra être fait !
 

Plus d’informations sur la plateforme de visites dans le Grand Paris : #ExploreParis
La Cité Maraîchère de Romainville
La ferme ouverte de Saint-Denis