
À l’évocation des grands parcs en Afrique, c’est souvent le Kenya, la Tanzanie ou l’Afrique du Sud qui viennent en tête. Pourtant, ailleurs aussi, des grands parcs existent : petit tour d’horizon et escale au Sénégal.
L'Afrique francophone abrite des joyaux naturels souvent méconnus, qui offrent des expériences uniques au cœur d’une faune et d’une flore variées. Sanctuaires aux richesses de vie insoupçonnées mais qui rencontrent aujourd’hui des défis de taille.
Des trésors de biodiversité
Réservoir de biodiversité exceptionnel, l'Afrique francophone est un immense espace représentant près de la moitié du continent, soit environ 5000 kilomètres du nord au sud et 4000 kilomètres d'est en ouest. La savane, avec sa faune emblématique, est sans doute la plus connue, mais la forêt tropicale, véritable poumon de la planète, abrite des écosystèmes plus riches encore. Les zones humides sont d'une grande importance écologique, tout comme les montagnes.
Des parcs nationaux parsèment cette part du continent. Le parc béninois de Pendjari est réputé pour ses populations d'oiseaux, notamment aquatiques, mais aussi pour ses lions, hyènes, éléphants, buffles ou hippopotames. En Côte d'Ivoire, le parc national de la Como est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO avec ses forêts denses et ses savanes arborées. Mosaïque d'écosystèmes, le parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, est un sanctuaire pour les gorilles de montagne.
Mais la déforestation, le braconnage, l’instabilité politique et le changement climatique sont de lourdes menaces pour ces espaces. Au Sénégal, un grand parc a longtemps été en péril.
Au Sud-Est du Sénégal : du péril à l’espoir
Situé dans le sud-est du pays et d'une superficie de 913 000 hectares, le parc national du Niokolo-Koba (PNKK) abrite des forêts-galeries, des savanes et une faune variée : élands de Derby (la plus grande des antilopes), chimpanzés, lions, léopards, éléphants et de nombreux oiseaux et reptiles. Classé en 1981 au patrimoine mondial de l'UNESCO, le PNKK a longtemps été inscrit sur liste du patrimoine en péril en raison de plusieurs menaces, dont le braconnage et l’exploitation du basalte. L’inscription sur cette liste a permis au Sénégal de mener un plan d'actions soutenu par la communauté internationale. Ces dernières années ont été marquées par des améliorations : les espèces emblématiques ont bénéficié d’un suivi spécifique, avec une augmentation des ressources de surveillance et de lutte contre le braconnage ou l'extraction illégale d'or…
La bonne nouvelle est tombée en juillet 2024 : le parc a été retiré de la liste du patrimoine en péril, "au regard des efforts encourageants déployés par le Sénégal et de l’amélioration de l’état de conservation de ce site naturel", constatés par l’organisation onusienne. Si toutes les espèces ne sont pas encore en croissance, les éléphants font un retour remarqué au PNKK.
La place du tourisme dans l'avenir du PNKK
Cependant, des défis persistent et nécessitent une vigilance constante. Le tourisme fait déjà partie de la solution : situé au cœur du parc, le camp du Niokolodge a ouvert ses portes en 2020. Dès le départ, un protocole d’accord est signé avec le PNKK. Cinq ans plus tard, les réalisations sont nombreuses, explique Ousmane Sylla, manager du Niokolodge de 2020 à 2024 : "les 6 hectares de la mare Oudassi étaient envahis par la plante Mimosa Pigra, depuis 15 ans, entraînant un assèchement complet ; grâce aux efforts du lodge, cette plante a été retirée, permettant à la mare de revivre plusieurs mois par an." Des mares artificielles, alimentées par l'eau du fleuve, ont aussi été créées afin de fournir de nouveaux points d'abreuvage.
Un poste de garde a été construit pour renforcer la lutte contre le braconnage. Mis à disposition de l'État, il est aujourd’hui occupé par quatre gardes qui assurent une présence continue sur le terrain. Pour faciliter l'accès au parc, 50 km de pistes en latérite sont réaménagés chaque année après la saison des pluies, au bénéfice de tous les usagers, touristes mais aussi gardiens ou scientifiques. - Ousmane Sylla
Un engagement spécifique est pensé envers les communautés locales, maillon indispensable à la pérennité des actions menées : 90% des employés sont originaires de la région ; un soutien actif est apporté aux initiatives locales, comme l'Association des femmes du village de Badi… Enfin, un projet de réintroduction des éléphants est en cours, en collaboration avec des scientifiques, dans le but de favoriser leur retour dans leur habitat naturel. L’hôtel est partenaire de l’université Gembloux de Belgique, qui envoie chaque année des étudiants sur place pour réaliser des études.
En janvier 2025, Paul Moïse Diédhiou, le conservateur du PNKK, a partagé son plan de gestion, en soulignant l’importance du tourisme.
En aménageant des sites, des mares, et en ouvrant davantage de points d’observation, nous pourrons attirer plus de touristes, ce qui profitera tant à l’État du Sénégal qu’aux communautés résidant à proximité du parc. - Paul Moïse Diédhiou
Espérons que ces mots continuent à être suivis d’effets et que les écosystèmes et la faune bénéficient encore longtemps de ces efforts.