Pour tomber nez à nez avec un rhinocéros, rien de mieux qu'un safari à pied à l'est du pays. Pour vivre la véritable aventure africaine, direction le parc de Hluhluwe-Imfolozi où ils cohabitent avec toute la smala de la savane : éléphants, buffles, lions, léopards, hyènes, phacochères, babouins, antilopes et gazelles en tous genres...
La rencontre promise avec le rhinocéros paraît miraculeuse si l’on considère qu’à la fin du XIXème siècle, à cause d’une chasse acharnée, on comptait moins de 100 rhinocéros blancs dans toute l’Afrique du Sud et que leur disparition semblait inéluctable. L’espèce ne dut son salut qu’à la création des toutes premières zones de protection africaines, précisément à Hluhluwe-Imfolozi en 1895, et au lancement d’un programme de conservation. On compterait aujourd'hui près de 2000 rhinocéros blancs dans la réserve, mais les chiffres sont gardés secrets pour ne pas attirer les braconniers.
Rencontre très riche en émotions si, plutôt que de poser ses fesses dans un Land Rover pour explorer les lieux, on opte pour la marche à la queue leu leu à travers hautes herbes et bosquets d’épineux avec devant, un ranger muni d’un fusil et derrière, un autre ranger pareillement équipé. Avant de partir, Rick Wilson nous donne les dernières consignes : « On avance en ligne et en silence. Pour signaler quelque chose, vous sifflez. Notou ferme toujours la marche. »
Il suffit de suivre les sentiers qu’empruntent depuis des millénaires les rhinocéros. Les mêmes aussi qu’empruntent les braconniers. Une corne leur rapporte 5000 €, elle sera revendue 35 000 € le kilo à Hong Kong. Une fois l’animal abattu au fusil d’assaut, il leur faut moins d’une minute pour arracher la si précieuse protubérance qui n’est pourtant constituée que de kératine comme les cheveux ou les ongles.
Rhinocéros en vue
Au loin, tel un périscope, le cou d’une girafe pointe au-dessus des arbres. Des buffles paissent. Un éléphant solitaire déambule. Rick ordonne une halte devant un creux rempli de brindilles.
"Les rhinocéros viennent ici déféquer. Leur crottin renferme des brindilles de tamboti. On peut en déduire que nous contemplons les w.c. de rhinocéros noirs. Les rhinocéros blancs broutent l’herbe rouge".
Celui que l’on vient de repérer à une cinquantaine de mètres ne nous a pas encore repérés. Pas de risque qu’il nous voie, car c’est à peine s’il distingue la corne qui pousse au bout de son museau. Plus bigleux, il n’y a que la taupe. Rick s’empare d’une branche et la casse. Le craquement fait aussitôt réagir le mastodonte qui s’ébroue et se met à trottiner d’un pas élastique. Il est temps de battre en retraite. Cette fois-ci, c’est Rick qui ferme la marche et nous partons dare-dare trouver refuge dans le sous-bois en collant aux talons de Notou.
Quelques rhinocéros plus loin, il est temps de rentrer avant le coucher du soleil, avant que nous devenions des proies pour des fauves affamés.