Secteur économique florissant, le tourisme haut-de-gamme aurait les moyens de se montrer exemplaire en matière de développement durable ; ce qu’il est, en partie, là où les efforts effectués contribuent à améliorer son image et à condition de ne pas importuner une clientèle qui entend conserver toutes ses aises, réclamant toujours plus de services et d’attentions...
Le tourisme de luxe ne connait pas la crise. Au contraire, la plupart des acteurs de cette niche dorée sont en croissance tandis que le panier moyen du voyageur de luxe ne cesse de grimper (6000 € en moyenne en 2013 pour un voyageur français). On pourrait en déduire que ce secteur favorisé de la première industrie au monde possède tous les atouts nécessaires (moyens, visibilité, garantie de croissance…) pour se montrer exemplaire en matière de développement durable. Oui et non.
Comme tous les couples, la princesse Luxe et son chaperon, Dédé, le Développement Durable, connaissent des hauts et des bas, s’embrassent ici et se boudent là. Si l’hôtellerie de luxe est depuis quelques années porteuse des labels HQE les plus exigeants (EarthCheck, Green Globe, etc), les spécialistes du marché expliquent que cela tient avant tout à deux raisons majeures : à l’heure où la majorité des entreprises font des efforts à ce niveau, un hôtel fréquenté par l’élite économique ne peut plus se permettre d’être à la traîne.
Ensuite, cette dimension « verte » et valorisante intervient dans le marketing de l’offre, c’est à dire avant le voyage, à l’emplacement le plus visible où, tout en donnant bonne conscience au voyageur qui s’apprête à y réserver ses nuitées, elle n’exige en retour rien de contraignant de sa part pendant son voyage. Car, de ce côté, le marché fonctionne comme partout : l’offre répond à la demande ! Or, en matière de vacances comme de plaisir, les considérations écologiques ne sont pas précisément celles qui priment…
Trois tendances majeures animent aujourd’hui le tourisme de luxe. La recherche d’expériences vécues authentiques*, originales et exclusives tout d’abord. Comme un séjour à Longitude 131, le (luxueux) campement de 12 tentes qui vient d’ouvrir en plein désert rouge, juste en face d’Uluru, le rocher sacré des Aborigènes, là où toute construction est strictement interdite. La dimension 100% éco-responsable du lieu découlant uniquement d’une obligation absolue (parc naturel & réserve aborigène) et ayant coûté une petite fortune (qui se répercute sur le ticket d’accès à cette expérience unique : dormir à Uluru).
La seconde tendance est l’inflation des services et accompagnements réclamés par une clientèle qui n’a plus le temps de préparer son voyage et exige néanmoins, une fois en vacances, de pouvoir s’offrir « tout, partout, tout le temps », entraînant la multiplication de nouveaux acteurs du tourisme : ces sociétés de conciergeries chargées de tout préparer pour vous ET de répondre à vos moindres désirs, en temps réel ! La troisième tendance, enfin, réclame de la révolution digitale en cours de tenir à disposition, sur son mobile, toute l’information accompagnée d’une restitution vidéo donnant le meilleur aperçu possible de « l’expérience proposée ».
*1ère motivation des voyageurs de luxe à hauteur de 75% (étude Réseau Veille Tourisme 2011)