À l’heure où, partout dans le monde, nos modes de vie s’uniformisent et notre mémoire collective s’efface, rencontrer des ethnies préservant leur culture et leurs particularismes est devenu un enrichissement de plus en plus recherché par les voyageurs avertis. Petit tour d’horizon.
Cheminer quelques jours en compagnie des pèlerins Kampas du Tibet, assister au premier matin du monde au contact des toutes dernières tribus de l’Omo, en Ethiopie, berceau de l’humain ; arpenter les montagnes du nord de la Birmanie et passer de Chins en Shans… En tout petits groupes ou, mieux encore, en individuel afin de favoriser le contact avec les populations locales.
Une poignée de bons tour opérateurs proposent cette dimension unique du voyage à travers des microcircuits de découverte et des séjours en immersion respectueuse. Sachant, bien évidemment, qu’établir un contact véritable avec des populations préservant leurs cultures ne s’improvise pas, au risque de tourner au folklore, voire au « zoo ethnique », quand, aux Philippines, les « derniers Ifugaos » ne chaussent leurs coiffes de plumes que le temps d’une photo… rétribuée !
Tout le monde connaît les Massaï du Kenya et de Tanzanie. Pour « touristisés » qu’ils soient, ils n’en continuent pas moins de présenter à leurs visiteurs un mode de vie relativement intègre. Même chose pour les Himbas de Namibie, les Hamar, Mursi, Konso et Bana d’Ethiopie, sans oublier, bien sûr les Bushmen, même s’il devient de plus en plus difficile d’en rencontrer dans leur cadre de vie d’origine, tout comme les derniers Pygmées d’Afrique Centrale…
En Asie, si les Karen de Thaïlande firent partie des pionniers entrant dans les brochures des voyagistes, bien d’autres les ont rejoints : Hmongs du Nord Vietnam, Shans de Birmanie, Penan de Malaisie. Avec de vraies surprises encore possibles : ainsi l’Inde est-elle aujourd’hui redécouverte à travers des ethnies très riches culturellement et tout aussi ignorées, Adivasi et tribus d’Orissa en tête. Quant à la Chine, elle réserve de ce point de vue nombre de trésors humains, la région du Yunnan comptant à elle seule 26 ethnies différentes.
En Amérique enfin, si la rencontre fantasmée avec les Indiens des Etats-Unis (Navajo de l’Ouest, notamment) se révèle souvent frustrante, ceux du Panama et du Costa Rica se montrent très accueillants et tout autant ceux d’Amazonie pour peu qu’on les approche avec le respect voulu : Yanomami et Guarani du Brésil, mais aussi Ayoreo du Paraguay, sans oublier (bien guidé), les cultures précolombiennes « classiques » : Mayas, Incas et Zapotèques en Equateur, au Pérou ou en Bolivie.
L’île isole, donc préserve. L’exemple-type en sont les Papous de Nouvelle Guinée au mode de vie inchangé depuis des siècles. Enfin, inchangé… disons suffisamment préservé dans certains recoins reculés pour valoir le déplacement. Et ce qui est siècles pour certains devient millénaires concernant les Aborigènes d’Australie. Mais là, honnêtement, les authentiques survivants de cette culture majeure sont ex-trê-me-ment difficiles à rencontrer ! Pas les étonnants Toradja des Célèbes ni leurs concitoyens Bugis et Mandar en revanche, très accueillants qui plus est. Les Maoris de Nouvelle Zélande et des Marquises sont certes intégrés, mais demeurent culturellement influents et sont passionnants.
Quant au nomadisme, on le sait, il tend à disparaître. L’attraction qu’exercent sur nous les derniers peuples nomades n’en est que plus forte. Longtemps, les Touaregs du Sahara ont vu l’attention des voyageurs concentrée sur eux. Terrorisme oblige, il devient très difficile de les visiter sans danger. Depuis quelques années, les Mongols et les vastes plaines d’Asie Centrale attisent à leur tour la curiosité des voyageurs. Mais, vite ! Là comme ailleurs, le profit est en train de détrôner toutes les autres valeurs. Même chez les Kampas du Ladakh et du Tibet ? Moins, d’accord, tout comme auprès des quelque 30 ethnies encore si mal connues vivant en Sibérie.
Ce « mouvement pour les peuples indigènes » centralise l’information sur les ethnies les plus menacées et soutient leur combat pour survivre en tant que communautés culturelles indépendantes.
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