Du 12 au 19 novembre derniers, l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) organisait à Sydney son sixième congrès mondial des Parcs, réuni tous les dix ans depuis 1962. Cette année, le thème général s'intitulait “Des parcs, la planète et nous : des solutions sources d’inspiration” ; si le terme "Parc" date de l'époque de création de ces Congrès, il est utile de préciser qu'aujourd'hui, ceux-ci concernent toutes les aires protégées dans le monde, quelle que soit leur classification, soit 15,4% de la surface terrestre...
Au total, près de 6000 participants, originaires de 168 pays différents, sont venus participer à cet imposant Congrès. Parmi eux, des ONG et des experts, mais également de nombreuses personnalités politiques allant jusqu'à certains chefs d'Etat, preuve s'il en est du sérieux et des enjeux véhiculés par l'événement. Les points-clés du Congrès : positionner les aires protégées dans les objectifs de conservation de la diversité biologique, démontrer leur rôle vital et l’ensemble des solutions et avantages qu'elles procurent (sanitaire, social, économique...) et enfin célébrer à partir d’exemples concrets les succès de la conservation pour poursuivre leur extension.
Malgré les progrès qui ont été réalisés ces dernières années en matière de gestion et d'augmentation du nombre d'aires protégées, force est de constater que ces efforts ne sont pas suffisants si l'on souhaite enrayer la dégradation de la biodiversité. L'enjeu majeur concerne les océans et la haute-mer, dont seulement 2,6% de la surface est protégée, et qui abritent paradoxalement de vrais trésors en termes d'écosystèmes, de faune et de flore. Par ailleurs, il s'avère qu'environ un tiers des sites classés au Patrimoine Mondial de l'Unesco sont en état qualifié de "moyen", et que 8% d'entre eux sont mêmes très dégradés : il devient ainsi urgent et nécessaire de revoir la gouvernance de certaines aires, afin que celles-ci portent bien leur nom !
Le bilan de cette semaine a pris les traits d'une encourageante "Promesse de Sydney" : destinée à sceller les engagements pris par les différents pays participants, elle s'impose comme la marche à suivre d'ici à 2024, date du prochain Congrès qui se déroulera en Russie. Parmi ces engagements, citons notamment le Brésil, qui consolidera 60 millions d’hectares d’aires protégées en Amazonie d’ici 2020, la Chine, qui promet d'augmenter sa superficie en aires protégées d’au moins 20%, ou encore le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), qui s'engage à mobiliser 100 millions de dollars pour appuyer la diversité et la qualité de la gouvernance globale de ces programmes.
Par ailleurs, un "Little Sydney" verra le jour du 28 au 31 mai 2015 : les différents participants des pays européens se retrouveront en Autriche pour décliner et concrétiser les promesses australiennes à l'échelle de l'Europe. L'UICN a également mis en place et présenté lors du Congrès une “Liste verte des aires protégées” : afin d'encourager les "bons élèves", parmi lesquels figure notamment le Parc national des Pyrénées, à poursuivre leur bonne gestion de l'environnement et de leur territoire, l'UICN a ainsi récompensé 23 candidats et espère voir la liste rapidement s'allonger.
Ces projets porteurs d'espoir annoncent surtout le véritable changement qui se doit d'être entendu à l'aube de la Conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Paris en novembre 2015 : si l'objectif politique est d'atteindre 17% de la surface terrestre en aires protégées, les résultats du Congrès attestent d'une nécessité d'augmenter cet objectif, et de viser 30 à 50% à moyen terme...