La Catalogne, c’est bien sûr Barcelone, la Costa Brava, les plages, les tapas sous le soleil mais pas que… on oublie trop souvent que cette communauté autonome au drapeau sang et or s’étend des Pyrénées au Delta de l’Ebre, qu’elle compte 40% de son territoire classé en zone écologique protégée et qu’à l’intérieur des terres, quelque dix-huit espaces sont répertoriés parcs nationaux, parcs naturels, sites naturels d’intérêt national et réserves naturelles…
Au sud du Val d’Aran, en plein cœur des Pyrénées, se trouve ainsi l’unique parc national catalan, le Parc National d’Aigüestortes i Estany de Sant Maurici, une appellation éloquente qui exprime toute la spécificité de cet espace contrasté. Aigüestortes désigne les «aigües tortes», ces eaux tordues qui ne sont autres que les méandres du fleuve Sant Nicolau serpentant au cœur du parc et alimentant d’innombrables petits bois. «Estany» traduit les quelque 200 étangs de montagne qui ponctuent plaines et sommets et qui pour certains culminent à plus de 3 000 mètres. Dans ce parc de haute montagne, on retrouve des espèces endémiques tels que l’isard, le grand tétras, la marmotte ou le gypaète barbu, cet incroyable rapace surnommé le « casseur d’os », qui a l’habitude de fracasser ces derniers sur les rochers en les lâchant d’une hauteur de 50 à 100 mètres pour ensuite se repaître de la moelle, des débris et autres ligaments.
À l’est de ce territoire, flirtant avec l’Andorre et les Hautes-Pyrénées, le parc de l’Alt Pirineu est le plus étendu de Catalogne, et comme il aime les records, il possède également les plus hauts pics et le plus grand glacier de la région, l’étang de Certascan. Là aussi, la faune prospère, dont de nombreux charognards. Dans cette zone pyrénéenne, les parcs sont légion : le parc de Cadí-Moixeró, connu notamment des alpinistes qui aiment à escalader les aspérités de la chaîne du Cadí ; le massif de Pedraforca, très apprécié des géologues pour sa forme insolite et ses pierres improbables et le parc de l’Albera, entre le Perthus et le col des Belitres, où viennent se reproduire les tortues des Albères.
Après avoir parcouru l’ensemble des parcs des Pyrénées catalanes, on se trouve non loin de Portbou, sur la Costa Brava, il suffit alors de descendre d’une vingtaine de kilomètres pour découvrir le parc naturel du Cap Creus. Poste le plus oriental de la péninsule ibérique, il est le premier point du territoire à avoir le soleil le matin. Il possède toutefois un autre atout qui en fait l’un des sites les plus fréquentés de Catalogne : sous la pointe du cap se trouve la ville de Cadaqués et la maison-musée d’un certain Salvador Dalí que l’on ne présente plus… Ensuite, en continuant à longer la Costa Brava vers le sud, on arrive rapidement au parc dels Aiguamolls de l’Empordà. Il possède une vaste zone humide abritant plus de 300 espèces d’oiseaux, tortues et serpents. Enfin, le plus méridional des trois, le parc del Montgrí, regroupe la zone de Montgrí, les îles Medes et le Baix Ter, autant d’espaces tournés vers le monde marin et la plongée.
Mais on vous a prévenus qu’il ne fallait pas délaisser l’intérieur des terres alors, après avoir longé la Costa Brava, surtout n’oubliez pas de vous recentrer vers le cœur du pays pour découvrir le « massif central catalan», le parc naturel de la zone volcanique de la Garrotxa, quelques quarante cônes volcaniques bien conservés dont le volcan de Santa Margarida et son immense cratère où l’on construisit l’église romane éponyme. Plus au sud, le parc naturel del Montseny est classé comme réserve de la biosphère par l’Unesco depuis 35 ans. Très fréquenté par les Catalans, il offre sa vaste zone boisée à nombre de citadins qui vivent non loin.
Les touristes préfèrent quant à eux le parc naturel de Montserrat, littéralement en « dents de scie », évocation de ces fameuses aiguilles calcaires qui pointent vers le ciel et qui ont fait la renommée du lieu jusqu’à la couverture du dernier ouvrage de Yann Arthus-Bertrand, La Catalogne vue du ciel. Et comme c’est aussi à Montserrat que se trouve le fameux monastère de la vierge noire, le parc fait définitivement partie des « must » du pays. Coincé entre Montseny et Montserrat, le parc de Sant Llorenç del Munt i l’Obac est tranquille, ses deux voisins occupant les Catalans et les touristes, restent quelques passionnés de gisements préhistoriques qui écument ses cavernes et ses sites….
Allez, on plaisante un peu, Barcelone n'est en fait qu'à deux pas de la ville du Barça, vraiment bien entourée avec les plages et les nombreux parcs naturels qui la borde de tous côtés. Au nord, le parc de Montnegre Corredor, à l'ouest, les différents parcs cités précédemment et à proximité, le parc naturel de la Serra de Collserola, un parc de 8 000 hectares extrêmement animé. Enfin, au sud, le delta de Llobregat et ses magnifiques lagunes font le bonheur des ornithologues et des oiseaux qui utilisent ces dernières comme couloir migratoire pour filer ensuite vers l'Afrique et l'Europe.
On achèvera ce périple vert par la Costa Daurada et le parc de Poblet qui abrite l’emblématique monastère cistercien Santa Maria de Poblet inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991. Son voisin, le parc naturel de Montsant, réjouit autant les amoureux d’escalade que les amateurs de bon vin, ce qui est parfois compatible mais plutôt après l’effort.
Enfin, dernière halte dans le delta de l’Ebre, dans un magnifique espace où l’eau douce de l’Ebre rejoint la mer et découvre d’immenses terres humides peuplées d’oiseaux où l’on cultive également le riz, où les salines dessinent des losanges rosés sur le bleu de la mer et où on découvrira la plus importante colonie de flamants d’Espagne. Alors, qui a dit que la Catalogne se résumait à Barcelone, la Costa Brava et les plages ?
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