L’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient inauguré lundi 19 avril une bulle de voyage censée permettre à leurs habitants de se déplacer de part et d’autre de la mer Tasman sans motif impérieux ni quarantaine hôtelière. Toutefois, suite à la détection d’un cas positif vendredi 23 avril, cette dernière vient d’être fermée, un premier espoir déçu mais un nouveau frémissement pour trouver des voies de reprises et faire revenir les touristes.
Depuis mars 2020, les frontières internationales entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont hermétiquement fermées. À l’image de Taiwan, Singapour ou de la Corée du Sud, ces deux voisins des antipodes ont fait le choix de ne laisser entrer aucun étranger non-résident sur leur territoire et ont également intimé à leurs ressortissants de ne quitter le pays qu’en cas de raison essentielle. Cette stratégie de tolérance zéro vis-à-vis du virus a fini par payer puisque, d’après les derniers chiffres communiqués par la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, lors de l’ouverture de la bulle le 20 avril dernier : "La Nouvelle-Zélande a enregistré, au 6 avril, 74 cas positifs, dont 17 identifiés lors des dernières 48 heures. En tout, seuls 26 décès ont été enregistrés dans le pays depuis le début de la crise. L'Australie, de son côté, a vu la ville de Brisbane sortir de son confinement le 15 avril et 909 décès ont été répertoriés depuis l'apparition du premier cas."
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Entre le 20 avril et le vendredi 23 au soir, de nombreux Australiens ont pu profiter de ce premier corridor de liberté, certes éphémère, mais porteur d’espoir car révélateur de l’intention de ces deux grands pays de relancer leurs échanges, quand on sait qu’en 2019, en Nouvelle-Zélande, 40% des visiteurs étrangers étaient australiens. En outre, même si la fermeture de cette première bulle marque un coup d’arrêt à cette stratégie, Canberra avait d’ores et déjà imaginé mettre en place d’autres bulles de voyage avec divers états de la région ayant réussi à contrôler l’épidémie. Il faut dire qu’il y a une vraie volonté de rouvrir dès que possible le pays et de permettre à nouveau aux touristes désireux de venir demander un visa Australie.
Les compagnies aériennes australiennes Qantas et Jetstar comptaient déjà sur cette première bulle pour opérer une bonne centaine de vols, Air New Zealand misait même jusqu’à 300 rotations. Elles devront patienter quelques semaines de plus, le temps que ce nouveau cas de Covid fasse retomber la pression.
En Nouvelle-Zélande, on compte énormément sur le retour des voyageurs australiens pour relancer le tourisme à deux mois de l’ouverture des stations de ski, d’autant que le pays ayant pris une position ferme de "Zéro Covid", a annoncé ne prendre aucun risque inconsidéré pour une réouverture plus globale de ses frontières. Et déjà, l’an dernier, en pleine épidémie, le pays avait assumé un énorme manque à gagner avec l’absence de clientèle chinoise, habituellement très portée à dépenser dans le pays.
En Australie, si les stations de ski ont également connu une mauvaise saison l’an dernier avec des ouvertures réduites dans la plupart des stations, en attendant le retour de la clientèle internationale, on mise également sur la relance du tourisme intérieur. Ainsi, le gouvernement offre des billets à moitié prix afin d’inciter ses ressortissants à partir en vacances et à découvrir leur propre territoire. Un budget de 1,2 milliard de dollars australiens (778.000 euros) a été débloqué pour subventionner quelque 800.000 billets d’avion à destination de treize destinations éloignées des grandes villes à l’image de la Grande Barrière de Corail, le site sacré pour les aborigènes d’Uluru ou les plages de la Gold Coast.
L’objectif est bien évidemment de soutenir un secteur touristique international très affecté, un secteur, qui, avant la pandémie, représentait chaque année autour de 45 milliards de dollars australiens (30 milliards d’euros). La carte du tourisme intérieur vient donc au secours de cette fermeté à l’international, rejoignant là des stratégies déjà en cours dans nombre de pays du globe, où l’on se tourne de plus en plus vers les clientèles nationales pour jouer la carte d’un tourisme domestique.