Castro est parti et les touristes ont afflué ! Plus de 4 millions en 2018. Un record qui sera peut-être battu cette année avec en toile de fond les 500 ans de La Havane.
Impossible de résister au charme de la Vieille Havane. Entre la plaza de Armas et la plaza de la Catedral, le XVIème siècle espagnol parade. Les édifices sont si bien restaurés qu'ils paraissent faux un peu comme ses vieilles voitures américaines. Mais il faut ce qu'il faut pour se montrer digne du classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Quelques rues plus loin, les apparences s'effritent en même temps que les murs. La ville se relâche, et on reste sous le charme, cette fois de la décadence.
Dans la fissure d'une façade, un arbre a entrepris de pousser, on aperçoit par la porte entrouverte d'un immeuble, dans le couloir, des buissons de fils électriques qui s'accrochent au-dessus d'un amas de compteurs antédiluviens. Envie d'aller au El Floridita, le bar où Hemingway s'enfilait des daiquiris ? Trop de monde s'y presse pour boire à proximité de la statue en bronze qui le représente accoudé au bar avec devant lui un verre de son cocktail favori servi chaque jour par le barman. Boire ou écrire, il n'a jamais su choisir.
Dîner dans un paladar, l'un de ses petits restaurants privés qui fleurissent depuis le début des années 90, suite à la dislocation de l'URSS qui était le grand allié de Cuba, a débuté la « période spéciale » caractérisée par une pénurie générale. Quelques tables et au menu : Pollo con Moros y Cristianos avec dans le rôle du pollo, le poulet, dans celui des Maures, les haricots noirs, et dans celui des chrétiens, le riz blanc. Le patron a juré qu'il faisait le meilleur mojito de l'île.
Balade à pied d'abord puis en coco-taxi car le boulevard s'étire sur 8 km. Drôle d'engin que ce coco-taxi. Un triporteur affublé d'un habitacle jaune et rond qui fait irrésistiblement penser à une bouteille d'Orangina. À la fin de la course, même les amnésiques se rappellent du slogan : "Secouez-moi ! Secouez-moi !"
Rien ne vaut la marche finalement. Et c'est le meilleur moyen de rencontrer les Habaneros qui aiment venir flâner face à la mer. Quelques pêcheurs disputent les rochers à des gamins qui s'amusent dans les vagues, assis sur le parapet, des amoureux s'enlacent, des hommes alpaguent les touristes pour leur vendre rhum, cigares et jolies pépées.
Parmi les immeubles tournés vers le large, une poignée a retrouvé sa splendeur passée tandis que d'autres exhibent des façades rongées par l'humidité et le sel. Castro a trépassé et aujourd'hui le Malecón est hérissé de chantiers et de palissades.
Tout change, même à La Havane.
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