Le photographe français Réhahn Croquevielle semble avoir un cœur à la place de l’objectif. Il aime le monde et sa diversité, et partage avec nous les sourires et regards croisés en chemin. Depuis Hoi An, il continue de sillonner le pays avec son appareil photo pour mettre en lumière les peuples oubliés du Vietnam.
De la Normandie à Hoi An, il n'y a qu'un pas.
Son premier voyage au Vietnam remonte à 2007, lorsqu’il vient avec sa femme rencontrer les deux petites filles qu’ils parrainent via une association. C’est le coup de foudre avec ses filleules et le pays. De la Normandie à Hoi An, il n’y a qu’un pas. Depuis 2011, ils vivent tous ensemble dans une maison à quelques encablures du centre-ville de Hoi An. La « ville des lanternes », située dans le centre du Vietnam, est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Coup de foudre immédiat
Il explore alors à moto le Vietnam de long en large pendant plusieurs années à la rencontre des habitants de son pays d’adoption. Séduit par la bonne humeur des Vietnamiens, il trouve ses modèles favoris chez les enfants et les « petites vieilles ».
« J’ai un amour profond pour ce pays et les Vietnamiens dont j’adore l’optimisme et l’humour. »
Les sourires cachés du Vietnam
Chaque jour, Réhahn partage une photo sur les réseaux sociaux montrant la diversité et la richesse culturelles du Vietnam. Il devient rapidement très suivi, jusqu’à atteindre 50 000 followers sur sa page Facebook en 2014. La presse vietnamienne et internationale commence à s’intéresser à ses photos. Au même moment il sort son premier livre : Vietnam Mosaic of Contrasts, qui sera suivi l’année d’après d’un deuxième volume.
Son travail sur les sourires cachés du Vietnam est remarquable, et raconte toute une histoire, celle de la beauté et générosité du peuple vietnamien. La photo de Madame Xong, succès et couverture de son premier livre, est maintenant exposée au musée de la femme d’Hanoi.
Témoin de l’évolution de la société vietnamienne, entrée depuis plusieurs années déjà dans la mondialisation, Réhahn souhaite montrer, avant qu’il ne soit trop tard, la diversité culturelle du Vietnam. Son nouveau projet, Precious Heritage, a pour objectif de documenter le mode de vie des minorités ethniques du pays. Il en existe 54, la plupart sont méconnues et leurs coutumes disparaissent à très grande vitesse.
À la rencontre des ethnies du Nord Vietnam
Il s’aventure alors dans les montagnes du nord du pays, jusqu’aux provinces reculées de Cao Bang ou Ha Giang, proches de la frontière chinoise. Pour trouver ces villages perdus, très difficiles d’accès, il faut du temps et de la patience. Il arpente les chemins en moto ou en trek, bien décidé à rencontrer toutes les minorités. Un véritable engagement ethnographique qui l’a déjà conduit à rencontrer 45 d’entre elles. Les prendre en photo, écouter leur histoire, enregistrer leurs musiques et collecter leurs habits traditionnels.
« J’ai autant d’amour pour l’histoire qui va avec que pour la photo. »
Réhahn espère ainsi devenir le porte-parole de ces peuples oubliés, mais aussi un miroir pour qu’eux-mêmes se rendent compte de l’importance de leur culture.
Rendez-vous à Hoi An
Depuis le 1er Janvier 2017, Réhahn a ouvert son musée dans une magnifique maison coloniale dans le centre-ville de Hoi An : The Precious Heritage Art Gallery Museum. L’accès est libre et le lieu est autofinancé par la vente des photos. Selon Réhahn, exposer son travail au public est la façon la plus efficace pour préserver la culture des ethnies, pour que les Vietnamiens soient fiers des patrimoines et coutumes de leur pays.
La photo responsable et solidaire
Réhahn a également lancé le mouvement Giving Back pour redonner une partie de ce qu’il gagne grâce à ses photos. Il retourne voir ses modèles pour continuer l’histoire qui les lie.
« Après tout, ce sont eux qui font la photo ! » dit-il. Promesse tenue à Madame Zong à qui il a acheté un nouveau bateau. Pour la photo de la petite fille priant devant un éléphant, devenue célèbre dans le monde entier, il a offert une vache à sa famille.
Son travail est exposé depuis peu dans une nouvelle galerie à Ho Chi Minh-Ville : « Couleurs d’Asie by Réhahn – Saigon ». A Hoi An, il a pour projet d’installer dans son musée un petit jardin où il sera possible de déguster le café produit par les minorités ethniques du nord du pays. Une fois qu’il aura terminé son projet Precious Heritage, avec les 9 ethnies restantes à photographier, il souhaiterait organiser une exposition internationale pour sensibiliser plus de monde aux peuples oubliés du Vietnam.