Pourquoi le Bhoutan n’est pas un pays comme les autres ? Parce que son territoire est couvert à 70% de forêts, que l’accès aux touristes est limité par une taxe journalière élevée ou encore qu’il possède un indicateur de Bonheur National Brut. Dans un monde de plus en plus globalisé, la singularité de ce petit royaume mystérieux se distingue plus que jamais.
En 2024, le Bhoutan fête le 50ème anniversaire de son ouverture aux voyageurs étrangers. Ce petit pays de la taille de la Suisse, coincé entre l'Inde et la Chine, se niche dans les hauteurs de l'Himalaya. Hauts sommets enneigés, prairies sauvages parsemées de rhododendrons, vallées fertiles où déambulent yaks, majestueux dzongs, ces monastères-forteresses perchés à flanc de montagne, accueil chaleureux des Bhoutanais… Cette destination unique à bien des égards a su préserver son environnement et protéger ses traditions.
Au début des années 1970, le Bhoutan se fait remarquer sur la scène internationale. En réponse au fameux PNB, produit national brut, le roi Jigme Singye Wangchuck, père du roi actuel, décide de mettre en place un indicateur original : le Bonheur National Brut. Le pays met alors au centre de son développement la notion de durabilité basée sur la protection de l'environnement, la préservation de la culture ainsi qu'une bonne gouvernance du pays.
L’engagement de longue date du Bhoutan pour préserver son environnement est lié aux valeurs bouddhistes du royaume. Cette philosophie de vie basée sur la compassion et le respect de l'ensemble des êtres vivants a accéléré la mise en place de mesures de protection de la nature. Un modèle novateur qui s’exprime notamment à travers sa politique touristique depuis plusieurs décennies.
Lorsque le Bhoutan s'ouvre aux visiteurs étrangers en 1974, une taxe de développement durable est mise en place, à laquelle s'ajoute des frais importants. Aucun voyage indépendant n'étant possible dans le royaume, les visiteurs doivent s'acquitter d'un package de “frais quotidiens” à réserver auprès d'une agence de voyages agréée. Les autorités imposent un tarif minimum, qui varie selon les saisons et le type d’activité, d’environ 280€ par jour et par personne, guide anglophone, pension complète, logement, transport et taxe de développement durable inclus - s’élevant à 100 dollars.
Ces frais liés au voyage limitent forcément le nombre de voyageurs au Bhoutan. Une volonté assumée par le pays qui résume sa stratégie par la formule suivante : “valeur élevée, faible volume”. C’est-à-dire développer un tourisme respectueux plutôt qu'un tourisme basé sur le nombre de visiteurs.
Des efforts récompensés en matière de politique environnementale
En 2008, la constitution impose au pays de maintenir en permanence 60 % de couverture forestière. En absorbant le carbone, les forêts permettent de stabiliser les émissions de CO2 et de faire du royaume un pays qui absorbe plus qu'il ne rejette de CO2. En 2021, le Bhoutan a séquestré 9,4 millions de tonnes de carbone, alors qu'il n'en a émis “que” 3,8 millions de tonnes.
Mais tout n'est pas idyllique au "pays du bonheur". Malgré leur implication permanente en faveur de la protection de l'environnement, les Bhoutanais sont extrêmement préoccupés par le réchauffement climatique et ses conséquences. Le pays assiste à la fonte de ses glaciers, à l'augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes ou encore à la modification des saisons et des périodes de moussons. Tout en continuant à préserver son territoire, le petit royaume himalayen tente de faire entendre sa voix lors de conférences internationales pour exiger des mesures de lutte contre le changement climatique qui dépasse largement les frontières du royaume.
Après une longue période d’isolement, le Bhoutan compte plus que jamais sur les retombées positives du tourisme pour continuer son développement durable et redresser son économie suite à la pandémie.