À l'ombre de ses trois voisins, la Thaïlande, le Vietnam et le Cambodge qui attirent des millions de touristes, le Laos est un peu plus préservé. Classée depuis 1995 au Patrimoine mondial de l'UNESCO, Luang Prabang, l'ancienne capitale royale, prend son temps.
Presqu'île formée par le Mékong et son affluent, la Nam Khan, Luang Prabang, ancienne capitale d'un tout petit royaume, à l'allure d'un village avec sa nature exubérante et ses petites ruelles bordées de maisons traditionnelles en bois, cultive sa nonchalance. Au marché du matin, les vendeurs souriants n'essaient pas de vous vendre leur produits ; les scooters conduisent sans jamais klaxonner dans les rues sans feux de circulation et vous invitent à traverser devant eux avec le sourire.
Rien ne presse, la vie coule sereinement sur les bords du Mékong. Ce qui fait dire aux pays voisins, non sans une pointe de moquerie, « Le Cambodgien plante le riz, le Laotien le regarde pousser et le Vietnamien le vend. »
En 1990, lorsque le régime communiste s'ouvre aux investissements étrangers, le potentiel touristique intéresse. Pour protéger le centre-ville, on pense alors au classement de l'UNESCO. En 1995, alors que la ville tombe en ruines, l’UNESCO l’inscrit sur sa Liste du patrimoine mondial.
Francis Engelmann, écrivain, urbaniste et conseiller indépendant pour l'UNESCO, fut l'un des piliers de ce classement. « En 1985, lors de mon premier voyage, je découvre une ville fantôme en ruine. Les deux-tiers des maisons n'ont pas de toits, il n'y a que des personnes âgées et des vélos. Après la disparition du roi en 1975, la ville sans activité se meurt doucement alors que Vientiane devient la capitale économique. En 1990, on commence par identifier 611 bâtiments qui ont un intérêt architectural. On interdit leur destruction puis, en 1995, le centre-ville est classé. »
Aujourd'hui, dans le centre-ville, on peut remarquer un mélange de styles qui raconte l'histoire du pays : des maisons en bois laotiennes avec leurs petits jardins, des édifices construits par les Français pendant le protectorat (1893-1954), en brique avec des persiennes comme des écoles ou l'hôpital (construit en 1905 et converti en hôtel 5 étoiles, Amantaka) et des demeures qui ont combiné le bois et la brique comme dans la rue principale.
Francis Engelmann poursuit : « Les Laotiens ont eu le génie de réaliser une fusion architecturale ; le rez-de-chaussée avec des pilastres en brique préservé et restauré avec la construction au dessus, d'un étage en bois avec des balustrades. »
Le classement UNESCO a interdit les réverbères. À la nuit tombante, la ville est baignée par de petits éclairages chaleureux qui lui donnent un charme fou.
Luang Prabang serait-elle menacée par le syndrome de Dubrovnik ou Venise, empoisonnés par le tourisme ?
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