Si on vous disait que dans le Limousin, il n’y a pas que des vaches et des moutons, mais aussi deux éléphants d’Asie qui coulent des jours heureux… Bienvenue à l’EHEES, un lieu dédié au bien-être animal pour le moins atypique !
EHEES pour Elephant Haven European Elephant Sanctuary. Sur le même modèle que les initiatives remarquables en Thaïlande ou au Laos, un couple de Belges a concrétisé un rêve un peu fou. Celui de créer le premier sanctuaire de protection des éléphants en Europe, à Bussière-Galant, en Haute-Vienne. Aujourd’hui, loin des zoos et des cirques, les deux femelles, Gandhi et Delhi, sont au centre de l’attention de cette maison de retraite pour éléphants.
Du rêve à la création d’un sanctuaire pour éléphants
Sofie Goetghebeur et Tony Verhulst, un couple belge d’origine flamande, a travaillé pendant plus de vingt ans auprès des pachydermes dans des zoos européens et a été témoin de leurs conditions. Il y a une dizaine d’années, ils ont décidé de créer l’unique sanctuaire pour les éléphants des zoos et des cirques en Europe. Pourquoi ici ? Parce qu’il faut de l’espace et parce que, comme le souligne Sofie, "Le Limousin, c’est vert toute l’année et il y a beaucoup d’eau, du foin, des branches", des trésors indispensables à l’alimentation des éléphants.
Il a fallu cinq années de démarches administratives et de travaux titanesques pour voir arriver leur première résidente au cœur du Limousin en 2021 : Gandhi, 55 ans. Entrée au zoo du Danemark à l’âge de 4 ans, isolée de ses congénères tout au long de sa vie, alors même que les éléphants d'Asie vivent en groupe, elle revient de loin. Patience, attentions et soins lui permettent de retrouver une vie "normale” et donnent l’espoir de cohabiter avec d’autres éléphants. Ce qui arrive un an après, en 2022, avec l’arrivée de Delhi au sanctuaire. Née en 1983, elle est envoyée depuis le Vietnam dans un zoo en République Tchèque en 1987, où elle passera toute sa vie avant d’arriver ici.
Au début, la communication entre les deux femelles n’est pas optimale, l’acclimatation ensemble prend un peu de temps. L’amitié et la complicité grandissent entre elles et désormais on les observe très fréquemment collée l’une à l’autre. Les éléphantes ne sont plus seules, bénéficient de soins personnalisés, de suffisamment de nourriture et de 29 hectares de paysages vallonnés et verdoyants pour déambuler librement.
Sensibilisation, renforcement positif et solidarité
Ces deux éléphants exigent beaucoup d’attention et de stimulations. De l’argent aussi. Le sanctuaire est uniquement financé par des dons. Heureusement, Sofie et Tony peuvent compter sur de nombreux soutiens d’entreprises et d’associations. C’est un projet solidaire qui fédère et rassemble une cinquantaine de bénévoles à l’année. Pour les donateurs, les besoins sont multiples et très concrets : des bâches, des kits de pédicure pour éléphants, des bananiers, des balles de foin, du bois de chauffage, une benne basculante pour tracteur ou encore une remorque pour transporter le foin…
Aujourd’hui, la volonté de l’EHEES reste la même : parler de leur combat pour sauver les éléphants des cirques et des zoos européens. On recense plus d’une centaine d’éléphants dans les cirques à travers toute l’Europe. En 2028, les cirques français ne pourront plus détenir d’animaux sauvages sous leurs chapiteaux.
L’équipe souhaite également développer des programmes éducatifs de sensibilisation sur les éléphants d’Asie et leur comportement, et sur ce qui les entoure. Car sans nature préservée, aucun éléphant ne peut trouver la paix. Aujourd’hui, l’espèce est en danger d’extinction, ses effectifs ont diminué d’au moins 50% au cours des trois dernières générations. Le sanctuaire s’inscrit dans une démarche globale de respect pour les animaux, les humains et la nature que les visiteurs peuvent découvrir lors de portes ouvertes deux fois par an. Ouvrir le sanctuaire au public plus régulièrement serait encore un autre métier même si cela permettrait de financer en partie le fonctionnement du site.
Comme le précise l’équipe de l'EHEES, aujourd’hui, l’idée est avant tout de construire un refuge pour les éléphants, c’est-à-dire avoir assez d’espace, avec des clôtures suffisamment grandes, du matériel, de la nourriture et de l’eau, pour peut-être, dans l’avenir, accueillir d’autres éléphants et recréer une harde. Le rêve est immense, mais il l’était au début de l’aventure, et avoir aujourd’hui deux éléphantes réunies et heureuses est déjà une grande victoire !
Pour en savoir plus :
Elephant Haven European Elephant Sanctuary : https://www.elephanthaven.com/