Alors que les voyages à vélo ont le vent en poupe, on a rencontré un véritable ambassadeur de la petite reine, Claude Marthaler. Ecrivain et grand voyageur, il a tourné autour de la Terre avec son vélo tout au long de sa vie.
Quand on parle avec Claude, on comprend d’emblée qu’on a à faire à un homme animé d'une irrésistible passion qui a nourri toute sa vie. Né à Genève en 1960, il rêvait d'être clown, échappe à l’armée, se forme au métier d’éducateur spécialisé avant de finalement mettre les voiles. Depuis sa Suisse natale, il part voyager à deux roues en explorant, à moindres frais, les montagnes avoisinantes, puis l'Europe du Sud, jusqu'au Maroc et Istanbul où pointent déjà d'autres continents. Voilà un homme qui a pris le temps de grandir et de se construire en libre penseur. Comment ? En explorant le vaste monde à vélo !
Comme une pierre que l'on lance dans l'eau, mon rayon d'exploration s'est étendu, du modeste parcours entre mon domicile jusqu'à la boulangerie du coin de la rue au plus grand tour par voie terrestre qu'un enfant puisse imaginer. - Claude Marthaler
Claude se définit enfin comme un “ cyclonaute “, c'est-à-dire un navigateur terrestre à deux roues, celui qui va vers l'inconnu en s'extrayant de la pesanteur. A 28 ans, il réalise son premier grand voyage à vélo, sans itinéraire ni durée impartis : un aller-retour de trois ans jusqu’en Inde, suivi d’un imprévu et initiatique tour du monde de sept ans puis d’un ultime périple en couple en Afrique et en Asie, avant de ne voyager à nouveau plus qu’à temps partiel depuis son camp de base dans le Lubéron.
De tous ses voyages à vélo à travers le monde, l’homme enthousiaste et curieux nous confie garder “un attachement profond à l'unité humaine et à la richesse de notre diversité culturelle, une vision positive des humains”. Quand on lui demande quel coin de la planète l’a transformé, il nous parle sans hésitation du haut-plateau tibétain, "là où je dois d'avoir forgé en moi plénitude et sentiment océanique”.
Claude décrit ses longues années de voyage comme son "chef-œuvre” ou plutôt comme une forme d’initiation. Voyager au long cours à vélo " l’a travaillé au corps, à cœur et à cris, baratté en le rendant pourtant plus fragile.” Le vélo, encore et toujours, représente pour lui un phare dans la nuit, un point d’équilibre.
Je me demande parfois ce qu'aurait été ma vie sans bicyclette !
- Claude Marthaler
Pour subvenir à ses besoins durant ses voyages, Claude publie des chroniques et des photos pour des quotidiens suisses et des publications étrangères. Il livre son témoignage à travers différents ouvrages, “une belle manière de voyager une deuxième fois“ dit-il. Ecrire, c’est aussi pour lui une forme de partage, pour redonner un peu, à sa manière et à d'autres, quelques fragments de ce qu’il a reçu en chemin.
Après avoir parcouru les routes du globe pendant plusieurs années, il continue de ne jurer que par le vélo, avec toujours la même motivation initiale : se rapprocher des gens, retrouver les choses simples et sortir des sentiers battus. Pour Claude, le monde vu de la selle est un lieu privilégié, “où rien ne semble nous échapper, là précisément où s'exerce la liberté d'être pleinement soi-même”.
Le vélo est pour moi le moyen idéal pour se déplacer et voyager. Simple, silencieux et sans moteur, il permet de vivre à son rythme propre et sans déranger.
- Claude Marthaler
Au lieu de se laisser dévorer par la vitesse et le “tout, tout de suite”, Claude préfère donner la primeur à une certaine lenteur, à un art de vivre qui permet d’être plus en harmonie avec ce qui nous entoure. Voilà son secret pour cultiver sa joie de vivre !