Le vent claque, ébouriffe la tête duveteuse des flamants roses. Graciles, aussi indifférents aux kytesurfers qui voguent dans le ciel non loin de là qu’à notre présence, les oiseaux pêchent dans la zone protégée des salins d’Hyères, en lisière de la plage.
Ce sanctuaire naturel de 550 hectares, propriété du Conservatoire du littoral, abrite une grande biodiversité. Il a été partiellement ouvert au public en juillet 2024 sur 1,6 km d’une piste piétonne et cyclable baptisée “voie douce du Pas du Saunier“. Elle permet d’observer la faune et la flore le long des bassins et de visiter l’ancienne cité ouvrière des Salins du Midi, dont l’activité de production de sel a cessé en 1995. “Nous avons référencé 360 espèces d’oiseaux, explique Marc Simo, le responsable du site, et chacun des bassins joue un rôle spécifique selon l’espèce“.
Dans ces étendues où se reflètent les lumières du couchant, on lit une autre facette de l’identité de ce littoral qui fait le bonheur d’une légion de vacanciers. Une identité qui chemine à petits pas vers un tourisme plus concerné, avec l’envie de préserver tant bien que mal une nature généreuse mais fragilisée par le réchauffement climatique.
Nous générons moitié moins de CO2 qu’un hôtel classique. Nos clients adhèrent d’autant plus à notre démarche qu’elle n’est finalement pas très contraignante pour eux. Notre métier aujourd’hui n’est plus de vendre des chambres, mais de proposer une expérience responsable pour l’harmonie de notre territoire et de chacun. - Nathalie Artayet
Nouvelles approches
À l’instar de ces acteurs du “tourisme autrement“, un nouveau festival, Envie d’ailleurs, ambitionne de promouvoir cette approche dans le Var avec une édition en avril 2025 à Fréjus. Les amoureux de cette terre ont à cœur de révéler leur région par le biais de son patrimoine, d’une immersion dans la nature, du sport d’aventure, de l’art, de la cuisine… Ils font revivre un arrière-pays longtemps délaissé faute d’opportunités et tentent de créer un cercle vertueux entre activités humaines et environnement. Quitte à cumuler les emplois, comme Lisa Canut, jeune pharmacienne d’Aups qui a renoué avec l’exploitation paternelle de truffes, par amour du métier.
Comme Merwan, futur kiné qui a créé avec son ami un centre d’équitation non loin du lac de Sainte-Croix, dans le Verdon, sauvant ainsi 60 chevaux abandonnés.
Gourmandises et musique
Au village d’Esparron, au cœur de la Provence verte, Gregory et Alima Brousse, avec leurs enfants, ont investi l’ancienne école pour y ouvrir un restaurant où se côtoient touristes, fins gourmets et riverains. Grâce aux producteurs locaux, ils régalent leurs clients de produits de qualité et de plats gourmands. En 2019, la mairie, qui avait lancé un appel à candidature, leur a confié les clés à condition que l’activité s’étende sur l’année. L’endroit est devenu un point de ralliement convivial. Tout à côté, un couple de Saint-Martin de Pallières propose à la visite sa “cathédrale souterraine”, une spectaculaire citerne d’eau creusée au XVIIIe siècle et qui jouxte le château. Un succès qui a débouché sur la création d’un festival de musique classique couru par les meilleurs artistes, émerveillés par l’acoustique du lieu.
Certains n’ont pas attendu la vague verte pour s’impliquer. Claude et Martina Fussler, à Bras, vivent de façon écolo depuis 1996 au cœur de 120 hectares de forêts et de vignes. Dès le début, ils ont décidé d’atteindre la neutralité carbone pour leur maison d’hôtes et de privilégier le laisser-faire pour la nature. Dans un paysage idyllique, ils invitent leurs clients à un “bain de forêt”. “Pour encourager les gens à se relaxer plutôt que de courir tout de suite vers les grands spots“, commente, philosophe, le vénérable monsieur.